Exposition
Exposition photographique performative sur la lutte contre les discriminations LGBTQIA+.
«Comment se fait-il que, en tant que culture, nous soyons plus à l’aise de voir deux hommes tenir des armes que de se tenir la main ? » nous disait l’auteur afro-américain Ernest J. Gaines, faisant ainsi un triste constat à propos de notre société tout en mettant en exergue une cruelle réalité. Néanmoins, ce constat nous permet d’introduire le projet que nous menons : lutter contre les discriminations LGBTQIA+ et faire prendre conscience au public de l’importance de cette lutte, mais, tout comme l’auteur, en se servant de l’art et de la culture comme notre vecteur, notre étendard.
Je me nomme Jnyanamurthi Vadiavaloo, je suis dans le cursus juridique droit de la création artistique et numérique. Atteint du syndrome de Stickler Wagner, je suis en situation de handicap visuel.
Je suis le directeur artistique et metteur en scène du Shepard & Nettles Project et je vais vous conter notre projet.
Nous sommes le 15 mars 2023, et nous abordons pour la première fois dans nos enseignements portés par Ms Klein-Scholz l’histoire de Matthew Shepard et Islan Nettles :
Matthew Shepard, un jeune homme de 21 ans, se fait accoster dans un bar le 6 octobre 1998 par deux hommes se prétendant homosexuels.
Ils lui proposent un tour en voiture, ce que le jeune homme accepte. Une fois dans un endroit isolé, les deux individus le sortent de la voiture, l’attachent à une barrière, le dépouillent, lui assènent 32 coups de crosse jusqu’à lui briser le crâne, et cela parce qu’il est homosexuel. Le pensant mort, ils s’enfuient. Matthew Shepard meurt à l’hôpital le 12 octobre 1998, après plusieurs jours de coma. Il a 21 ans.
Le 27 août 2013, Islan Nettles est battue à mort car c’est une femme transgenre. Elle est agressée par un homme qui l’avait abordée et courtisée pensant avoir affaire à une femme cisgenre, non à une femme transgenre. Elle décède cinq jours après son agression, à l’âge de 21 ans.
Je me souviens être ressorti bouleversé par ce que j’avais entendu, bouleversé par ces tragédies qui les ont retirés à la vie, bouleversé d’être impuissant face à ces inégalités et ces injustices qui gangrènent notre société.
Un sentiment impérieux a dès lors grandi en moi : agir. Agir afin qu’on ne les oublie jamais, tout en apportant ma contribution afin d’essayer de faire reculer les discriminations LGBTQIA+. J’ai donc décidé avec mon équipe de
réaliser une exposition photographique mémorielle et performative.
En effet, je pense que l’art et la culture sont des piliers face à la lutte contre les injustices et que mon handicap n’est pas un frein à sa réalisation. Je peux être, tout comme un autre, porteur d’une création artistique, tout en étant acteur d’un changement de notre société permettant la conscientisation des discriminations que beaucoup subissent au quotidien.
J’ai tenu pour cela à ce que la forme de ce projet soit inédite : mettre en place une exposition photographique incluant des représentations de Matthew et Islan (tout deux originaires des États-Unis d’Amérique) en miroir avec des photographies de jeunes de la communauté LGBTQIA+, tous et toutes étudiants à la facultés l’Université d’Aix-Marseille.
Le fait de partir de ces tragédies américaines pour les mettre en lien avec des visages français n’est pas dénué de sens. Il est important de montrer que le combat pour les droits de l’homme et la lutte pour les libertés fondamentales ne peuvent avoir de frontières. Peu importe l’endroit où vous vous trouvez, il existe des similitudes entre ces expériences de vie qui peuvent avoir un impact significatif sur la conscientisation de ce que vous subissez et qui est injuste.
Cette exposition tend à rendre hommage à ces deux victimes dont on a pris la vie à cause de leur orientation sexuelle ou de leur genre, tout en montrant, à travers les photographies des étudiant(e)s d’Aix-Marseille Université, qu’on doit cesser de discriminer une personne pour ces raisons. En effet, on ne définit pas une personne en la réduisant à son orientation sexuelle ou à son genre. Nous sommes toutes et tous des individus qui avons des passions, des envies, des rêves et c’est ce que nous souhaitons retranscrire à travers ce travail de création : ne pas se concentrer sur une orientation ou un genre, mais sur une personne en tant que telle.
Il faut démontrer au public qu’une personne de la communauté LGBTQIA+ est avant tout une personne ayant sa propre individualité, sa singularité au- delà de toute tentative de clivage, et ainsi stopper ce processus de déshumanisation qu’utilisent ceux qui discriminent.
Nous avons également envie que cette exposition photographique mémorielle soit performative, agissant de manière singulière et percutante sur les spectateurs. Nous avons donc pris la décision avec mon équipe d’inclure dans notre création une performance scénique.
En effet, nous voulons provoquer sur le public ce que l’on pourrait nommer un effet de catharsis, le rendant acteur de la création artistique en l’intégrant étroitement dans un processus immersif. Le spectateur sera donc en position de témoin mais aussi de sujet actif au sein d’une expérience qui l’amènera à prendre position. Il sera immergé au cœur d’une expérience artistique, dans laquelle il sera confronté malgré lui à une situation le poussant à réfléchir et à conscientiser ces problématiques sociétales liées aux discriminations LGBTQIA +.
La performance scénique aspire également à replonger au temps de l’antiquité grecque, où le théâtre avait pour finalité de faire réfléchir les citoyennes et citoyens sur des enjeux de leur société, et où la voix des membres de la Cité résonnait symboliquement sur la scène elle-même par le dispositif du chœur.
Enfin, cette performance a également pour ambition de faire résonner les voix de Matthew et Islan, afin que leur histoire puisse faire écho en chacun d’entre nous et ainsi provoquer un éveil chez le spectateur.trice.
Une dimension audiovisuelle est également en cours de réflexion afin de faire perdurer cette oeuvre au-delà du temps de la performance, et ainsi donner une autre substance à la création.
Le but est de mettre en lien le vécu et l’histoire de Matthew et Islan avec celui des modèles photographiés. Cette exposition a été conçue pour être pérenne, et sera proposée dans différents espaces culturels et artistiques dans le courant de l’année, voire au-delà. Des changements éventuels pourront être amenés afin de s’adapter à la réalité du terrain et aux contraintes des lieux qui l’accueilleront, mais le fond artistique ainsi que les intentions resteront intacts.
In fine, et ce avec beaucoup d’émotion, l’équipe et moi-même avons constaté que ce projet s’inscrit dans les vingt- cinq ans de la mort de Matthew Shepard et les dix ans de la mort d’Islan Nettles. Ce projet se réalise également dix ans après la loi ayant consacré le mariage pour tous en France.
Nous espérons à travers ce projet permettre à notre manière de continuer à faire passer un message d’acceptation et de tolérance afin d’éviter de confronter les générations futures à ces drames tout en commémorant la mémoire de ceux partis trop tôt dû à une intolérance qui n’aurait jamais dû exister.
Du 01 Avril à 09 heure 00 au 05 Avril à 18 heure 00
Projet de sensibilisation contre les discriminations LGBTQIA+ mêlant droit et art. Le but étant de rapprocher ces deux disciplines afin de lutter contre toutes formes d'injustice par le biais de la culture tout en y incorporant des éléments juridiques afin de lutter contre une désinformations de la loi. Ce projet se veux être interdisciplinaire permettant de lier plusieurs branche d'Aix-Marseille Université.
Les perspectives attendues sont la sensibilisation et la lutte contre les discriminations LGBTQIA+ et cela à partir d'une forme artistique et juridique.
Nous communiquerons sur ce projet et nous attendons l'ensemble des étudiants d'Aix-Marseille Université. Ce projet étant interdisciplinaire (droit, deust, psychologie, histoire de l'art...) nous espérons pouvoir toucher un public assez large.
